Emploi à Orange : En Bretagne et Pays de Loire : d’autres choix sont possibles

Orange : Financière Mécanique, 10 ans pour une destruction massive de l’équilibre territorial de l’emploi Orange : 10 ans pour une concentration quasi-totale des lieux de décision … … et de l’emploi à Rennes.

10 ans de quête du travail à bas coûts… Disparition massive des boutiques Orange, Sous-traiter massivement en France ou à l’étranger, Filialiser pas cher.

Transférer de l’activité d’Orange France vers Orange Ile Maurice il y a 5 ans, puis maintenant de l’Ile Maurice vers Orange Madagascar

Les 10 ans à venir pour reconstruire : De l’espoir pour les jeunes, De la proximité aux client.es, De l’emploi dans Orange… … sur tous les territoires : grandes métropoles, petites villes et villes moyennes, dans tous les départements.

Dans la grande histoire du téléphone, 1975 est une année particulière : le plan de rattrapage téléphonique vise l’installation de 14 millions de lignes en 7 ans. La maintenance du réseau est assurée durant de nombreuses années.
Les années 1990 voient l’arrivée de la mobilité puis en 1999, France Télécom lance l’ADSL, l’Internet à haut débit pour le grand public, les professionnels ou les entreprises, à partir du réseau de téléphonie fixe.
Avec le lancement du plan Haut Débit Pour Tous en France en 2004 puis l’avènement de la 3G, 4G, 5G avec en parallèle le développement du réseau fibre optique, le réseau des télécommunications devrait être accessible à toutes et tous quels que soient les moyens financiers ou la localisation géographique.

Aujourd’hui, force est de constater que la fibre se développe à marche forcée, mais sans qualité, que la 5G passe avant la 4G partout, et sans débat, que les zones blanches perdurent, que la maintenance des équipements téléphoniques est délaissée et que la qualité de service se dégrade.

Orange : Financière Mécanique

En cette année 2021, 2,4 milliards d’euros seront versés aux actionnaires, et un milliard d’euros d’économie imposé à l’entreprise et aux salarié.es pour les deux années qui viennent. C’est le programme de S Richard et son équipe pour Orange en pleine période d’investissement massif attendu pour les opérateurs de télécom. Ce n’est pas un projet industriel, mais une énième tentative de séduction des marchés financiers, en pure perte.

Cette politique a des conséquences concrètes pour les client.es avec la chute constante de la qualité de service rendue et la perte de proximité.

Elle a des conséquences concrètes pour l’emploi avec la quête permanente du travail à bas coûts : sous-traitance massive et pression sur les coûts des sous-traitants, filialisation
de l’activité en France avec des droits sociaux inférieurs, délocalisation dans d’autres pays des activités françaises au sein de la multinationale Orange …

Elle a des conséquences concrètes pour les salarié.es avec la perte d’avenir, les surcharges de travail, l’inaccessibilité de l’emploi en France chez Orange.

Elle a des conséquences concrètes sur la précarité générale avec l’exploitation éhontée des apprenti.es et contrats de professionnalisation, et des espoirs d’embauche minimes.
Elle interroge quand on constate la mise à contribution des collectivités pour le financement et l’organisation du développement du Haut Débit en France.

10 ans pour une destruction massive de l’équilibre territorial de l’emploi Orange

Quand l’Ille et Vilaine, en réalité le bassin rennais, voit ses effectifs grossir de 20% en 10 ans, tous les autres départements de Bretagne et des Pays de Loire voient leurs effectifs fondre comme neige au soleil (voir carte).

10 ans pour une concentration quasi-totale des lieux de décision …

Nantes 2009 : il y a les sièges et états majors de la Direction des Réseaux, de l’Unité de Service Informatique, de l’Unité de production Réseau Ouest, de l’Agence Distribution Ouest...
2021 : il reste deux sièges, dont un totalement fantôme puisque l’état major est à Rennes. A Angers était situé le siège et l’état major de l’Unité d’Intervention des Pays de la Loire. Il ne reste plus de centre de décision à Angers. Rennes concentre les sièges et états majors de la quasi-totalité des établissements du Grand Ouest (Normandie, Centre Val de Loire, Bretagne, Pays de Loire).

…et de l’emploi à Rennes

Ca ne suffit pas : pour un départ que l’entreprise prévoit de combler à Nantes par exemple, un appel à candidature est proposé avec localisation à Nantes et.. à Rennes. Tactique semblable sur d’autres villes (ex Lannion centre historique de la RetD).

Ca ne suffit toujours pas : Intelligence Artificielle IA, Data, CyberSécurité… : ces métiers en croissance sont concentrés pour l’essentiel à Rennes (+ 2% pour les effectifs d’Ille et Vilaine en 2019). Le déclin massif de nombreux métiers - relation clients, informatique, intervention - est absorbé par les autres bassins (- 2% dans le 22 ; -7% pour 29/56 ; -3% pour 44/85 ; -7% pour 49/53/72).

Age des salarié.es d’Orange

Depts< 45 ans> 50 ans
22 28% 52%
29/56 59% 58%
35 42% 38%
44/85 38% 50%
49/53/72 40% 50%

Le bassin d’emploi rennais est plus jeune que les 4 autres.

10 ans de quête du travail à bas coûts…

Disparition massive des boutiques Orange

Depts/régionBoutique 2012Boutiques 2020
Bretagne 68 (38 fil* ou franc*) 20 dt 9 filialisées
44 24 (12 fil* ou franc*) 10 dt 5 filialisées
49 14 (6 fil* ou franc*) 5 Orange
53 8 (5 fil* ou franc*) 2 dt 1 filialisées
72 9 (4 fil* ou franc*) 5 dt 2 filialisées
85 15 (8 fil* ou franc*) 7 dt 4 filialisées
Pays de Loire 70 (35 fil ou Franch) 30 dt 12 filialisées

Filialiser pas cher

Fermer les boutiques Orange maison mère et ouvrir des boutiques Orange GDT : avec la convention collective du commerce du petit électronique, au lieu de la convention des télécoms, bas salaires et droits minimum au programme pour les salarié.es avec effectif réduit. L’ambition de proximité d’Orange se réduit d’année en année : c’est désormais 87% de la population à moins de 30 minutes d’une boutique.

Créer des filiales OBS plutôt que OBS maison mère avec la convention Syntec au lieu de celle des télécoms = salaires plus bas, et 50% de RTT en moins…

Effectifs Groupe Orange Bassin Ouest de 2009 à 2020

Département200920142020
Côtes d’Armor 1770 1680 1387
Ille et Vilaine 4220 4778 5220
Finistère/Morbihan 1815 1666 1146
Maine et Loire/Sarthe/Mayenne 1347 1269 867
Loire Atlantique/Vendée 2955 3007 2797

Sous-traiter massivement en France ou à l’étranger

- 90% de la construction du réseau fibre,
- 30% de l’installation chez les client.es,
- des pans entiers du marché Entreprise et ProPme,
- 70% de l’assistance commerciale par téléphone Grand Public,
- 90% de l’assistance technique,
- 44% de la gestion Grand Public…

Elles ont pour nom Spie, Circet, Axians, Altran, Tibco, Arvato, Webhelp, Sogetrel, Scopelec, Armatis …et tant d’autres, régulièrement pressurées sur leurs coûts. Impossible de dire plus, ce sont des contrats bien protégés par le secret des affaires !

Transférer de l’activité d’Orange France vers Orange Ile Maurice il y a 5 ans,puis maintenant de l’Ile Maurice vers Orange Madagascar

En 2016, le directeur du service clients des grands comptes situé à Nantes et Rennes partait à l’Ile Maurice pour Orange. Au début, il s’agissait de transférer des activités des heures non ouvrables et peu qualifiées. Aujourd’hui, plus de 700 salarié.es mauricien.nes travaillent pour Orange pour des grands comptes français pour l’ensemble de l’activité auparavant exercée en France. Désormais, l’activité commence à être re-transférée de l’Ile Maurice vers Madagascar, 168 ème pays pour le revenu moyen mensuel individuel sur 172.

PaysRevenu mensuel moyen en $ en 2019Rang mondial
France 3533 21ème
Ile Maurice 1062 54ème
Madagascar 43,3 168ème

source Banque Mondiale 2020

Les 10 ans à venir pour reconstruire

Le modèle des multinationales sans âme, faites d’optimisation fiscale, de dividendes et de destruction sociale est has been… Il est encore temps pour Orange de changer de direction.

De l’espoir pour les jeunes

Orange est une grande entreprise avec un chiffre d’affaires conséquent réalisé en France. Concernant les activités françaises, les emplois de tout niveau doivent être localisés en France et internes à Orange. La politique de l’emploi actuelle consiste essentiellement à ne recruter qu’à bac plus 4 ou 5 sur des activités aujourd’hui considérées comme stratégiques : Data, IA et Cyberdefense. Les autres niveaux d’emploi disparaissent alors que l’activité existe : ce sont des sous traitants pressurisés sur leurs coûts qui les mettent en œuvre. Les jeunes de tout niveau doivent pouvoir entrer chez Orange y compris avec les premiers niveaux d’étude. Plus de 30 000 emplois sont aujourd’hui sous-traités.

De la proximité aux client.es

Les boutiques des centres villes ferment leurs portes une à une, malgré les protestations des personnels, de leurs représentant.es, des client.es, des élu.es. Elles sont à présent presque exclusivement localisées dans des centres commerciaux sans âme, la plupart du temps en périphérie des villes. Désormais la « proximité » passe par l’anonymat des machines et de la relation client « digitale ». Nous restons convaincus de la nécessité des liens de proximité, de qualité de service et de relation humaine, physiquement ou par téléphone.

De l’emploi dans Orange…

Où que soient les activités d’Orange, les emplois correspondants doivent y être localisés : à Madagascar si les activités s’exercent pour le réseau et les client.es malgaches, en Roumanie pour les client.es roumain.es, en France pour les activités françaises… Et les profits réalisés doivent aussi y rester. Le mécanisme de sous-traitance ou de délocalisation interne ou externe n’a pour seul but que de réduire les coûts et les droits sociaux. Il doit cesser.

… sur tous les territoires : grandes métropoles, petites villes et villes moyennes, dans tous les départements

La crise sanitaire l’a largement prouvé : une très grande partie de l’activité est exercée par les salarié.es à distance sans dommage pour l’entreprise. Il n’y a aucune justification à la politique actuelle d’Orange de concentration de l’emploi dans quelques grandes villes françaises. C’est un non sens dans une période d’alerte sur les enjeux climatiques, de pollution, de nécessaire protection de l’environnement. L’emploi dans Orange doit s’exercer partout et les perspectives d’avenir pour les jeunes dans Orange doivent s’ouvrir sur tous les territoires sans distinction.

Pour reconstruire, il faut :
- cesser tout versement de dividende et sortir de la cotation boursière
- consacrer les moyens de l’entreprise aux investissements et aux embauches en CDI
- développer une stratégie industrielle de long terme, garante d’égalité et de qualité sur les territoires, protectrice des ressources et de l’environnement